Nous retrouvons ici les Tana avec leurs collègues de l’Ensemble Multilatérale, afin de rendre hommage au grand maître né de l’autre côté de l’Atlantique, il y a tout juste quatre-vingt-dix ans. George Crumb est un homme secret, qui a toujours fui les projecteurs. Chacun s’accorde cependant aujourd’hui à le reconnaître comme un des compositeurs majeurs de l’histoire de la musique. Esprit libre, le mot « inclassable » semble avoir été inventé pour lui, tant il s’est tenu à l’écart des chapelles esthétiques, puisant au gré de son inspiration dans l’avant-garde européenne comme dans le néoclassicisme et le minimalisme en vogue dans son pays. Il a aussi interrogé les musiques extra-européennes avec une acuité, un refus du folklorisme qui le placent au niveau de Bartók, Britten, Messiaen et Ligeti. Son quatuor Black Angels, vision apocalyptique suscitée par la guerre du Vietnam, est l’œuvre-culte de nombreux musiciens, qui en déchiffrent inlassablement l’ésotérisme habité d’un espoir paradoxal.